Les écluses de Miraflores, sur le canal de Panama

C’est l’attraction phare du Panama : le célèbre canal de Panama ! Il fait la renommée du pays à travers le monde, et est aussi une source de richesse importante pour le pays. Le projet d’un canal est lancé par les Français (qui ont déjà réussi la prouesse de creuser le canal de Suez, en Égypte, quelques années plus tôt), mais il tourne au fiasco. Mais le projet est repris en main par les Américains, qui terminent le travail. Aujourd’hui, plus de 10 000 navires empruntent chaque année le canal de Panama. Une curiosité qui attire aussi les touristes, de plus en plus nombreux à venir découvrir le Panama.

Dans cet article, je vous emmène découvrir l’une des écluses les plus visitées du canal de Panama : les écluses de Miraflores. Ce sont les écluses les plus proches de Panama. Sur place, un Visitor Center permet notamment d’observer les navires, depuis des plateformes d’observation aménagées.

La visite du canal de Panama, la dernière étape de mon voyage

Forcément, à peine débarqué au Panama, on a envie de courir voir le canal de Panama, qui fait la renommée du pays à travers le monde ! Et observer le ballet incessant des navires qui le franchissent toute l’année.

Pourtant, lors de mon voyage d’une semaine au Panama, j’aurais attendu le dernier jour pour me rendre aux écluses de Miraflores, les plus visitées du canal de Panama. En effet, j’ai commencé mon voyage en restant deux nuits à Panama : je logeais dans le centre de la capitale et en ai donc profité pour visiter la ville (et notamment parcourir la Cinta Costera, jusqu’à Casco Viejo). En revanche, je passais la dernière nuit de mon voyage à l’hôtel Summit Rainforest & Golf Resort, situé dans la forêt tropicale au nord de Panama, à cinq minutes de route seulement des écluses de Pedro Miguel…

Bien sûr, je n’aurais manqué pour rien au monde la visite de l’un des deux Visitor Centers du canal de Panama (le plus proche de Panama est celui de Miraflores). Une occasion unique d’admirer de près, depuis des plateformes d’observation aménagées au bord des écluses, les gros navires qui traversent chaque jour le canal de Panama !

Le canal de Panama, un passage stratégique entre deux océans

Le canal de Panama est l’une de ces œuvres humaines qui semblent avoir modifié la carte du monde. Niché sur un isthme étroit qui relie l’Amérique du Nord à l’Amérique du Sud, le canal de Panama relie deux océans. Au nord, l’océan Atlantique (via la mer des Caraïbes) ; et au sud, l’océan Pacifique. Le tout sur un parcours de 80 kilomètres à peine ! Un raccourci stratégique, qui évite désormais aux navires un détour de plus de 13 000 kilomètres par le cap Horn, à l’extrême sud du continent.

Le canal de Panama suit un tracé sinueux, qui traverse montagnes, forêts tropicales et lacs artificiels. Ce n’est pas un passage en ligne droite, comme on pourrait se l’imaginer, mais plutôt un itinéraire naturel reconfiguré par la main de l’homme, autour du lac Gatún (un lac artificiel).

Ce positionnement géographique explique à lui seul l’importance stratégique du canal de Panama. Dès le 16^e siècle, les explorateurs espagnols rêvaient d’un passage navigable. Mais il a fallu attendre le 20^e siècle pour que le rêve devienne réalité. Un projet initié par les Français, comme en témoigne encore la Plaza de Francia au bout de Casco Viejo, mais qui tourna au fiasco et dût être achevé par les Américains.

Aujourd’hui encore, ce trait d’union entre deux mondes reste l’une des routes commerciales maritimes les plus fréquentées de la planète.

Une série d’écluses pour franchir le Canal de Panama

Le canal de Panama ne serait rien sans ses écluses. En effet, le canal de Panama est constitué de trois ensembles d’écluses, formant deux grands lacs artificiels. Les écluses du canal de Panama permettent aux navires de franchir un dénivelé positif de 25,9 mètres d’un océan à l’autre !

La taille des écluses détermine les dimensions maximales des navires qui peuvent traverser le canal de Panama, classées dans une catégorie de navires appelée « Panamax ». Encore aujourd’hui, ces dimensions restent un élément majeur des cahiers des charges des chantiers navals dans le monde.

Les écluses d’Agua Clara (côté Colón, au nord) et celles de Cocolí (côté Panama, au sud) sont de nouvelles écluses inaugurées en 2016. Elles permettent aux méga porte-conteneurs, de taille Neo-Panamax, d’emprunter également le canal de Panama.

Les écluses de Miraflores, une prouesse d’ingénierie

À quelques kilomètres de Panama City, les écluses de Miraflores sont les plus proches de la capitale du Panama, et les plus visitées. Ce sont les dernières écluses avant d’arriver dans les eaux de l’océan Pacifique (ou les premières, quand on franchit le canal de Panama dans l’autre sens).

Deux bassins successifs permettent de faire monter ou descendre les navires de presque 20 mètres à marée haute, en quelques dizaines de minutes seulement. Le sens de franchissement dépend de l’horaire : cela fait l’objet d’une gestion minutieuse par la société qui gère le canal de Panama. Les navires peuvent attendre plusieurs jours en mer avant d’obtenir un créneau au cours duquel franchir le canal de Panama (en 8 à 10 heures).

Que l’on soit passionné de géopolitique, amateur de grands travaux ou simple curieux, on ne peut qu’être impressionné par la précision et la fluidité de ce mécanisme centenaire, toujours en service.

L’histoire des écluses de Miraflores, des Français aux Américains

L’histoire des écluses de Miraflores est un concentré de sueur, de génie et de persévérance ! Le projet de construction du canal de Panama est lancé par les Français, sous la direction de Ferdinand de Lesseps (déjà célèbre pour le canal de Suez, et toujours mis à l’honneur sur la Plaza de Francia à Panama City). Ce sont eux qui lancent les premiers travaux dans les années 1880, mais le projet tourne rapidement au cauchemar. Malaria, glissements de terrain, erreurs de conception… Après des milliers de morts et un scandale financier, les travaux sont abandonnés.

Il faudra attendre l’année 1904 pour que les Américains reprennent les choses en main. Leur stratégie : abandonner l’idée d’un canal au niveau de la mer, et miser sur un système d’écluses pour franchir le relief panaméen. Miraflores devient alors une pièce maîtresse de ce plan audacieux.

Les écluses de Miraflores sont achevées en 1913. Le 15 août 1914, le SS Ancon devient le premier navire à traverser officiellement le canal. Une nouvelle ère commence.

Aujourd’hui, malgré les évolutions technologiques, les écluses du canal de Panama fonctionnent toujours sur le même principe : des bassins qui se remplissent et se vident par gravité, grâce à des portes d’acier monumentales. Des locomotives électriques (appelées « mules ») aident à stabiliser les navires dans les écluses, comme au premier jour.

Le Miraflores Visitor Center : le meilleur point d’observation sur le canal de Panama

C’est l’une des attractions les plus populaires du Panama, et on comprend vite pourquoi ! Le Miraflores Visitor Center permet d’observer de près le fonctionnement des écluses du même nom (il existe aussi un Visitor Center, un peu moins visité, au niveau des écluses de Gatún, près de Colón.

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Exposition, cinéma, restaurant… un complexe touristique à l’américaine !

Lors de mon passage, en mai 2025, le Visitor Center était en travaux. Les expositions permanentes, sur l’histoire et le fonctionnement du canal de Panama, étaient reléguées dans des sortes de préfabriqués : on passe rapidement dessus, et d’ailleurs, je ne suis pas pas vraiment venu ici pour ça…

De la même manière, le Miraflores Visitor Center se vante d’avoir une belle salle de cinéma IMAX (à l’américaine !), où est projeté un film sur l’histoire du canal de Panama. Raconté par l’acteur américain Morgan Freeman, le film (en anglais) dure 45 minutes !

Une petite faim ? Le Miraflores Visitor Center abrite aussi une sorte de food court. Pas très healthy, mais convenable pour casser la croûte…

Non, je préfère me rendre rapidement vers le point d’orgue de la visite, ce pour quoi on vient au Visitor Center : les terrasses d’observation ! Dès qu’un bateau est annoncé, elles sont prises d’assaut par les nombreux visiteurs. Mais par chance, à mon arrivée, le trafic est encore plutôt calme et j’obtiens une bonne place, aux premières loges.

L’observation des navires sur le canal de Panama

Rapidement, pourtant, les premiers bateaux entrent dans l’écluse. D’abord de petits bateaux de plaisance, type voiliers. Depuis les plateformes d’observations, un speaker diffuse, à travers des hauts-parleurs, des informations sur le navire : sa provenance, sa destination, etc.

Suivez le trafic des navires en ligne : grâce au site internet MarineTraffic, consultez en temps réel la position des navires qui franchissent le canal de Panama. Idéal pour vérifier que votre visite vaudra le coup !

Puis, quelques temps après, un immense navire cargo de la compagnie CMA CGM ! Même pour l’équipage à bord, on sent que le passage du canal de Panama est un moment symbolique : le personnel se montre sur le pont, sourit aux touristes attroupés sur les plateformes d’observation, se prennent en photo… un moment très sympa pour tout le monde !

L’écluse attend d’être à pleine capacité pour être actionnée (plusieurs navires peuvent y loger simultanément) : les portes se fermes, le niveau de l’eau baisse en une dizaine de minutes, puis les navires continuent leur chemin vers l’océan Pacifique…

Quelques chiffres clés sur le canal de Panama

En à peine deux heures d’observation, j’aurais eu la chance d’apercevoir de nombreux navires à travers les écluses de Miraflores. Avec une variété impressionnante : des méga porte-conteneurs, des tankers, des ro-ro (ou rouliers : des navires de transport de voitures), des petits bateaux de croisière… et même des voiliers de plaisance !

En moyenne, 35 à 40 navires traversent chaque jour le canal de Panama. Le canal de Panama voit passer près de 6 % du commerce maritime mondial. Entre octobre 2024 et septembre 2025, 13 404 navires ont traversé le canal de Panama, générant un chiffre d’affaires de près de 5 milliards de dollars. Un atout considérable pour un pays de 4,4 millions d’habitants !

Les types de navires les plus fréquents sont les porte-conteneurs, suivis des tankers (pétrole, gaz), des navires de vrac (céréales, minerais), et même des paquebots de croisière. Chaque passage est minutieusement planifié : priorité, tonnage, réservation de créneau… Le prix à payer varie selon la taille du navire, avec des factures qui dépassent parfois les 400 000 dollars.

Le record du péage le plus bas est détenu par un aventurier qui a traversé le canal de Panama à la nage en 1928. Il a payé… 36 centimes !

L’élargissement du canal de Panama, inauguré en 2016, a permis l’ouverture de nouvelles écluses (Cocolí et Agua Clara), capables d’accueillir les Neo-Panamax, encore plus gros. Pourtant, Miraflores reste un passage incontournable pour la majorité des navires classiques.

Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en mai 2025.