En voyage, les programmes tiennent parfois à peu de chose. Me concernant, je n’avais entendu parler de Kostanaï qu’à une seule occasion : elle est évoquée dans l’une des chansons de Daniel Balavoine, Pour la femme veuve qui s’éveille (sous son ancien nom russe, Koustanaï, que la ville a porté jusqu’en 1997). C’est l’unique raison pour laquelle j’ai décidé de me rendre dans cette ville du nord du Kazakhstan lors de mon voyage dans le pays. Avec le fait qu’elle était relativement facilement accessible en avion depuis Astana, où j’ai passé quelques jours.
Dans cet article, je vous raconte ma découverte de Kostanaï. Une ville étonnante du Kazakhstan, à une centaine de kilomètres de la frontière russe, que j’ai visité à l’occasion d’un aller-retour dans la journée depuis Astana.
Sommaire de l’article :
- Kostanaï, une ville (assez) facile d’accès depuis Astana, en avion
- Le parc central de Kostanaï
- L’étonnant centre franco-kazakh de Kostanaï, et son… musée du jouet !
- Les musées de Kostanaï
- L’architecture de Kostanaï, et quelques lieux remarquables
- Le parc de la Victoire de Kostanaï
- Le retour (compliqué) à Astana !
- Informations pratiques
Kostanaï, une ville (assez) facile d’accès depuis Astana, en avion
Pour me rendre à Kostanaï, j’ai fait le choix d’acheter un billet d’avion aller-retour depuis Astana, où mon programme me faisait passer quelques jours. Lors de mon séjour (en octobre 2025), la compagnie aérienne Qazaq Air proposait un aller-retour le samedi. Le trajet dure 1h30 environ, l’avion atterrit à Kostanaï à 10h20 et repart à 17h50 l’après-midi (en théorie, du moins).
Le billet d’avion aller-retour, réservé quelques semaines à l’avance, m’a coûté 29 000 KZT soit un peu moins de 50€. Un prix très raisonnable.
Il est aussi possible de faire le trajet en train, mais c’est beaucoup plus long (comme souvent au Kazakhstan). Depuis Astana, il faut compter plus de 15h (c’est le même temps qu’il m’a fallu pour faire Almaty-Astana) !
La ville présente également l’intérêt d’avoir un réseau développé de conducteurs Yandex (le Uber local). De quoi vous permettre de vous déplacer facilement à travers la ville. Une course entre l’aéroport et le centre-ville ne coûte que quelques euros ! Yandex n’est pas cher au Kazakhstan, mais à Kostanaï, c’est là que j’ai observé les tarifs les plus abordables…

Le parc central de Kostanaï
Justement, en sortant de l’aéroport, je commande un taxi Yandex direction le parc central de Kostanaï. Avec un nom pareil, ça doit être un lieu… central ! La course dure une quinzaine de minutes, et à l’arrivée, le chauffeur me montre du doigt la direction dans laquelle je dois continuer à pied (j’avais dû indiquer comme adresse le centre du parc).
Je découvre un charmant parc arboré, comme j’en ai vu beaucoup à Almaty un peu plus tôt dans ce voyage au Kazakhstan. Ici, seule différence : les températures sont plus fraîches (à peine au-dessus de 0°C) et les gens marchent, sans oser rester statique en se posant sur les bancs…
Le premier aperçu sur ce parc lui donne des airs un peu étranges : j’arrive d’abord dans une sorte de zone de loisirs (j’avais aussi vu cela à Almaty, dans des parcs « de la culture et des loisirs » aux allures assez soviétiques) aux airs de parc d’attraction abandonné. Grande roue, manèges en tous genres… tous sont là mais entièrement vides. Des bornes d’arcade sont plantées de part et d’autres des allées, et quelques jeunes adolescents s’amusent à frapper dans le punching ball en se filmant avec leurs téléphones portables.

Plus loin, au cœur du parc et au bout d’une grande allée qui mène vers le centre-ville, un très beau bâtiment : c’est l’université de Kostanaï. Au bout du parc, au loin, des arcades et quelques statues complètent le panorama d’inspiration soviétique…
En remontant encore vers le nord, j’arrive au niveau de l’hôtel de ville de Kostanaï. C’est un bâtiment impressionnant, sous la forme d’une immense brique posée là, auquel l’absence totale de beauté confère malgré tout un certain charme…

L’étonnant centre franco-kazakh de Kostanaï, et son… musée du jouet !
En redescendant vers le sud du parc, je retourne voir une curiosité que j’avais aperçu en passant devant en taxi : un centre franco-kazakh ! À Kostanaï. Totalement improbable, comme l’est cette journée.
Devant le bâtiment, qui jouxte le parc central : une statue de Napoléon (les bras croisés, et non dans sa traditionnelle posture main dans le veston) ; une statue de Jeanne d’Arc ; et… une statue de Charlie Chaplin. Ne me demandez pas pourquoi, mais les habitants de Kostanaï ont l’air d’aimer Charlie Chaplin, car je reverrai une autre statue de lui un peu plus loin dans la ville !…
Deux petites plaques de chaque côté de la porte d’entrée témoignent avec fierté du caractère binational du centre. Deux petits drapeaux de la France et du Kazakhstan s’entrecroisent sur chacune de ces plaques.
À l’intérieur, c’est encore plus étonnant : en fait, il s’agit d’un… supermarché. Du moins au rez-de-chaussée du bâtiment. Aux étages supérieurs, d’autres petites échoppes, dans un style bazar, sans rien de véritablement français. L’unique lien avec la France est la décoration dans les escaliers menant aux étages : des photos de la Tour Eiffel, de l’Arc de Triomphe et du château de Chambord côtoient notamment des affiches du Moulin Rouge… Soit !
Plus incongru encore, au dernier étage se trouve un musée du jouet. Une plaque le présente même comme l’unique musée du jouet du Kazakhstan !
Autour d’une zone dans laquelle on trouve plein de bornes d’arcade (un ou deux jeunes s’y sont affalés, sans jouer, pour faire passer le temps : un samedi matin à Kostanaï…), des vitrines exposent des jouets en tous genres. Quelques vitrines exposent des jouets anciens, sans grand intérêt.
Le tout est gratuit, heureusement, mais je commence à me dire que Kostanaï a un drôle de sens de l’animation…

Les musées de Kostanaï
Le musée régional de l’histoire et des traditions locales de Kostanaï
En revenant à quelques pas à l’est de l’hôtel de ville, au bord du parc central de Kostanaï, se trouve l’un des musées qui mériterait le détour dans la ville : le musée régional de l’histoire et des traditions locales. Le musée se trouve dans un imposant bâtiment tout vert.
Malheureusement, le jour de ma visite, en jetant un coup d’œil à travers le carreau je constate que les salles sont désespérément vides… si ce n’est quelques employées en train de faire un peu de ménage. Sur la porte, une affiche (en russe et en kazakh uniquement, comme souvent dans le pays). Je tente une traduction à l’aide de mon téléphone, et le verdict tombe : le musée est malheureusement fermé pendant plusieurs mois pour travaux.
En temps normal, ce musée régional fondé en 1915 est censé être l’un des plus anciens musées du Kazakhstan, avec une collection impressionnante de plus de 150 000 objets dont 4 000 œuvres d’art. Tant pis…

Le musée Ybyrai Altynsarin
Un peu plus loin, un autre musée retient mon attention : le musée Ybyrai Altynsarin de Kostanaï, du nom d’un éducateur kazakh né dans la région de Kostanaï au 19e siècle. Le nom ne vous dit sûrement rien, mais il a contribué à la création de nombreuses écoles au Kazakhstan. C’est lui également qui a contribué à l’adoption de l’alphabet cyrillique pour la transcription de la langue kazakh (jusqu’alors, l’alphabet arabe était utilisé).
L’entrée est un peu intimidante, et il faut pousser une épaisse porte en métal pour entrer. Heureusement, deux jeunes devant moi avaient ouvert la voie ! Une dame vient m’accueillir à l’entrée. Elle est un peu étonnée que je ne parle ni kazakh, ni russe, et ma présence dans le musée a l’air particulièrement incongrue. Mais pas de problème : elle m’accueille et va même jusqu’à allumer la lumière des salles du musée pour moi (!).

Je dois m’enregistrer à l’accueil : un « Frantsuz » de ma part laisse échapper un « ooooh » en réponse, et la voilà en train de retranscrire l’information dans son registre. Je n’ai rien à payer : mais j’avoue ne pas savoir si le musée était réellement gratuit, ou si cela lui semblait bien trop compliqué de m’expliquer quel était le prix du billet d’entrée…
À l’intérieur, la visite est assez austère, la faute à des panneaux uniquement en kazakh (ou plutôt au fait que je ne parle pas la langue !). Mon téléphone est à la peine. La traduction me narre les épopées d’Altynsarin en tant que gouverneur de la province de Québec : je doute de la véracité de ma traduction maison…
Reste que le bâtiment est très joli, avec un magnifique lustre, de belles peintures à l’étage et plusieurs dioramas intéressants (ils aiment beaucoup ça ici, et ça m’a rappelé le Panorama de Racławice, à Wroclaw, en Pologne).

L’architecture de Kostanaï, et quelques lieux remarquables
Outre les bâtiments déjà évoqués ci-dessus (l’université, l’hôtel de ville, plusieurs musées…), se promener dans les rues de Kostanaï au Kazakhstan est l’occasion de croiser des bâtiments à l’architecture remarquable.
Le théâtre dramatique russe
À Kostanaï, on sent bien que la Russie n’est pas très loin… et à quelques dizaines de mètres à l’ouest de l’hôtel de ville se trouve le théâtre dramatique russe de Kostanaï. Le bâtiment, jaune et ocre, présente une jolie architecture en colonnades qui rappellerait presque l’Antiquité.
Je n’ai pas eu l’occasion d’entrer à l’intérieur du bâtiment, d’autant que mon aller-retour à Kostanaï se faisait sur la journée, mais la programmation est variée. Comme d’habitude, si vous êtes intéressé, vous pouvez aller sur le site de ticketon.kz pour voir la programmation et acheter vos billets.

Le théâtre dramatique kazakh
Depuis la chute de l’URSS, et même si Kostanaï n’est pas la ville du Kazakhstan où cela se ressent le plus, il faut bien affirmer son identité kazakh ! La ville ne possède donc pas un, mais deux théâtres (la culture occupe une place importante). Et le deuxième théâtre est un théâtre… kazakh, bien sûr !
Le bâtiment est plus imposant, et isolé (alors que le théâtre russe se fond davantage parmi les autres bâtiments de son quartier). Avec ses deux simili-clochers, on pourrait y voir une sorte de temple de la culture…
Le bâtiment a été inauguré en 2010, et compte deux salles : une petite de 50 places, et une deuxième (à peine plus grande) de 276 sièges. Le théâtre kazakh de Kostanaï porte le nom d’Ilyas Omarov, un homme d’État important pour le pays, qui aurait contribué au développement d’une culture kazakh.

Le monument des conquérants de la Terre vierge
Juste à côté du théâtre dramatique, on peut voir un énorme monument typique de l’architecture réaliste soviétique : c’est le monument des conquérants de la Terre vierge (comme toujours au Kazakhstan, les noms sont un peu pompeux !).
Autour d’une grande place un peu vide (où un homme d’âge mûr joue toutefois avec sa… voiture radiocommandée), l’immense statue représente trois personnes vraisemblablement en train de travailler dans les champs.
Derrière, en toile de fond, de nombreux épis de blé rappellent que la région de Kostanaï est l’une des grandes régions agricoles du Kazakhstan. J’avais pu m’en apercevoir en survolant la région avant mon arrivée. Et d’ailleurs, à la sortie de l’aéroport, vous êtes accueilli par… un immense tracteur.

La « stèle des épis », et les rives de la Tibol
Justement, un autre monument de la ville se trouve à caractère agricole se trouve plus à l’Est, sur les rives de la Tibol. La Tibol, c’est le nom de la rivière qui traverse Kostanaï. Le quartier semble en plein renouveau, avec des aménagements qui paraissent très récents, et encore beaucoup de grues en train de construire de nouveaux immeubles.
Près de la rivière, sur un rond-point (il y en a aussi au Kazakhstan !), un grand monument porte le nom de « stèle des épis ». Comme son nom l’indique, le monument représente quelques épis de blé encerclés.
Bon, pas de quoi justifier à lui seul le déplacement à Kostanaï, mais l’intérêt se trouve à quelques pas : une belle promenade aménagée permet de profiter d’un joli point de vue sur la Tibol. C’est d’ailleurs là que j’ai vu ma deuxième statue de Charlie Chaplin de la journée (vous vous souvenez, la première fois, c’était devant le centre franco-kazakh). Ne me demandez ce qu’ils ont avec lui à Kostanaï, je n’en ai aucune idée.
Enfin… profiter… si vous arrivez à résister au petit vent frais qui sévit dans cette partie dégagée : avec un fond de l’air déjà proche des 0°C, la balade est un peu frigorifique ! Et je rebrousse rapidement chemin vers le centre-ville.

Le parc de la Victoire de Kostanaï
Avant de rejoindre l’aéroport pour terminer cette journée étonnante à la découverte de Kostanaï au Kazakhstan, un dernier point sur la carte de la ville attire mon attention : le parc de la Victoire de Kostanaï. C’est une grande tache verte sur le plan, au nord de la ville. J’y vais sans trop à quoi m’attendre.
Avec un nom pareil, j’aurais pu m’en douter : encore un endroit à la gloire du passé soviétique ! Le parc s’étend autour d’une large allée, au bout de laquelle on trouve un monument aux morts de la Seconde guerre mondiale (avec en inscriptions les dates 1941 – 1945, comme partout dans le pays : en effet, l’URSS n’est entrée dans le conflit mondial qu’en 1941, après l’opération Barbarossa). De part et d’autre de l’allée, des statues rendent hommage à de grands militaires kazakhs. Là, dans le parc, une imposante statue de Lénine : ici, ça passe…
Comme ailleurs dans le pays, la promenade dans ce genre de parcs laisse un petit goût étrange : on ne sait pas trop si on doit dénoncer un lieu pensé pour la propagande (sans doute plus que pour la mémoire), ou si on doit apprécier un immense espace vert propice à la promenade. Les habitants semblent avoir fait le choix de la deuxième option, et ces parcs sont très vivants.

Le retour (compliqué) à Astana !
Cette journée à Kostanaï s’achève, et il est temps pour moi de revenir vers l’aéroport où m’attend mon vol retour pour Astana. Du moins, c’est ce que je croyais, car le retour s’avérera en réalité un peu plus compliqué…
Alors que nous nous élançons sur la piste, l’avion arrête brutalement son atterrissage. Après une annonce en russe et un retour au parking, le pilote reprend la parole et tout le monde descend. Apparemment, nous avons failli heurter un chien en décollant, et en freinant le train gauche de l’avion a pris feu. Résultat des courses : le vol est annulé et il n’y a pas de perspective pour rentrer à Astana par avion avant plusieurs jours…
Après deux ou trois heures d’attente et d’échange tant que bien mal avec le personnel à l’aéroport, qui ne parle pas anglais, me voici sur la route d’Astana dans un « taxi » : 9h de route en pleine nuit, pour 15 000 KZT à peine (environ 25 euros) ! Le chauffeur mériterait presque sa chanson de Balavoine…
Informations pratiques
- Kostanaï se trouve à 700 kilomètres au nord-ouest d’Astana.
- Pour y aller, le plus simple est l’avion, avec des vols directs depuis Astana avec les compagnies kazakhs Qazaq Air et FlyArystan (environ 1h30). On peut trouver un aller-retour dans la journée pour moins de 50 euros !
- En train, il faut compter près de 15 heures (comme toujours au Kazakhstan, c’est long !). Par la route, 9 heures…
- À Kostanaï, le réseau Yandex est bien développé et permet de se déplacer en ville, y compris depuis l’aéroport, sans difficulté et à moindre frais. Lors de mon voyage, c’était même la ville où les taxis étaient les moins chers (compter à peine deux euros entre l’aéroport et le centre-ville !).



Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en octobre 2025.
Voyager au Kazakhstan : fiche pratique
- Se rendre au Kazakhstan :- les deux grands aéroports internationaux du pays sont Astana (au nord) et Almaty (au sud) : des vols réguliers avec Air Astana (la compagnie nationale), Qatar Airways, Turkish Airlines, LOT…
 




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