Carrefour entre l’Europe et l’Asie, Istanbul séduit par ses bazars parfumés, ses palais fastueux et ses coupoles se découpant sur le Bosphore. Au cœur du quartier historique de Sultanahmet, la silhouette harmonieuse de la Mosquée Bleue attire le regard. Chef‑d’œuvre ottoman aux minarets élancés et à l’intérieur tapissé de faïences, elle incarne à la fois l’histoire, la foi et l’art raffiné de l’Empire.
Dans cet article, je vous raconte ma découverte de la Mosquée Bleue lors d’un voyage que j’ai fait à Istanbul. L’occasion de revenir sur l’histoire de l’édifice (et de son environnement). Et d’apprécier un bel exemple d’architecture islamique, dans toute sa splendeur.
Sommaire de l’article :
- L’Hippodrome de Constantinople : une place chargée d’histoire
- L’élégance de l’architecture extérieure de la Mosquée Bleue
- Une mosquée impériale au cœur d’un projet politique
- Les célèbres céramiques d’Iznik, à l’origine de la « Mosquée Bleue »
- La fonction religieuse et les annexes de la Mosquée Bleue
- Informations pratiques
L’Hippodrome de Constantinople : une place chargée d’histoire
Située juste devant la Mosquée Bleue (Sultanahmet Camii), la visite débute sur une charmante place. Une place chargée d’Histoire, puisqu’il s’agit en réalité de l’ancienne place de l’Hippodrome de Constantinople…
À l’époque byzantine, cet espace était un gigantesque cirque romain pouvant accueillir jusqu’à 100 000 spectateurs. Construit au 3e siècle sous l’empereur Septime Sévère, puis agrandi par Constantin Ier, l’Hippodrome était alors le centre de la vie publique à Constantinople.
En effet, l’Hippodrome de Constantinople était notamment un grand théâtre de courses de chars, parmi d’autres cérémonies impériales. Et parfois même, le théâtre d’émeutes violentes ! En particulier, c’est sur cette place qu’a démarré la sédition Nika, une grande révolte qui a éclaté à cet endroit en 532 et qui a failli renverser l’empereur Justinien…
Parmi les éléments encore visibles sur la place de l’ancien Hippodrome, l’Obélisque de Théodose est le plus impressionnant. Taillé en Égypte vers 1490 avant Jésus-Christ, sous le règne de Thoutmôsis III, l’obélisque fut ensuite transporté à Constantinople par Théodose Ier en 390.
Haut de 20 mètres avec son socle, l’Obélisque de Théodose est richement orné de hiéroglyphes (avec ses faux-airs de l’obélisque de la Place de la Concorde, à Paris). Plus loin, la Colonne serpentine, vestige d’un trépied votif offert à Apollon à Delphes après la bataille de Platées, symbolise la continuité entre mondes grec, romain et byzantin. Enfin, la Colonne de Constantin Porphyrogénète, aujourd’hui très érodée, complète cet ensemble archéologique unique en plein cœur d’Istanbul.
Aujourd’hui, ces différents monuments sont visibles sur celle qu’on appelle désormais la place du Sultan-Ahmet (ou Sultanahmet Meydanı).

L’élégance de l’architecture extérieure de la Mosquée Bleue
Bien sûr, la promenade sur la place du Sultan-Ahmet d’Istanbul est aussi l’occasion d’apercevoir pour la première fois, de l’extérieur, celle qu’on était venue voir : la Mosquée Bleue.
Commandée par le sultan Ahmet Ier, sa construction remonte entre 1609 et 1617. Inspirée par Sainte-Sophie toute proche, la Mosquée Bleue revendique néanmoins un style ottoman plus classique. Son plan repose sur un carré central surmonté d’un dôme de 23,5 mètres de diamètre, qui culmine à plus de 43 mètres de hauteur. Le tout est encadré de quatre demi-dômes et flanqué de six minarets — un nombre exceptionnel pour l’époque !
L’accès à la Mosquée Bleue d’Istanbul est entièrement gratuit. Il suffit de suivre le flot de personnes qui commence gentiment à former une file d’attente, à l’approche du lieu de culte. Un petit baraquement filtre l’entrée : ce n’est pas une caisse, mais un contrôle pour vérifier que vous êtes habillés correctement pour visiter la Mosquée Bleue. Le cas contraire, un voile pourrait vous être prêté (gratuitement) à l’entrée.
L’architecture de la Mosquée Bleue d’Istanbul s’inscrit dans la tradition ottomane développée par l’architecte impérial Sinan (c’est lui qui a conçu la mosquée Süleymaniye d’Istanbul). Mais la Mosquée Bleue a été conçue par son élève, Sedefhar Mehmet Ağa.

Une mosquée impériale au cœur d’un projet politique
La construction de la Mosquée Bleue répondait autant à des motivations religieuses qu’à une stratégie de légitimation du pouvoir.
En 1606, le traité de Zsitvatorok met fin à la guerre contre les Habsbourg sans victoire éclatante pour les Ottomans. N’ayant pas remporté de triomphe militaire personnel, le jeune sultan Ahmet Ier décide de faire édifier une grande mosquée impériale à proximité de l’Hippodrome, lieu symbolique du pouvoir impérial depuis l’époque byzantine.
Ce geste politique, controversé car financé par le Trésor public (et non par un butin de guerre, comme le voulait la tradition), visait à affirmer l’autorité morale et religieuse du sultan. En outre, l’emplacement, juste en face de Sainte-Sophie, ancienne cathédrale devenue mosquée, ajoutait une dimension de rivalité symbolique.
Le saviez-vous ? La construction de six minarets d’Istanbul (autant que la mosquée sacrée de La Mecque) fit scandale à l’époque de la construction de la Mosquée Bleue d’Istanbul.
En fait, la légende raconte que les architectes auraient mal compris la commande initiale du sultan Ahmet ! En effet, celui-ci aurait demandé à ce que les minarets soient en or (altın, en turc) mais les architectures ont compris qu’ils devaient être au nombre de six (altı, en turc). Deux mots à la sonorité proche en turc ! Pour apaiser la controverse, le sultan Ahmet se serait senti obligé d’en faire ajouter un septième à La Mecque…

Les célèbres céramiques d’Iznik, à l’origine de la « Mosquée Bleue »
Mais au fait : pourquoi la Mosquée Bleue a‑t-elle ce nom ? En effet, vue de l’extérieur, on peut se demander pourquoi. C’est une fois à l’intérieur que l’on comprend la raison !
En effet, la Mosquée Bleue tire son nom des 21 000 carreaux de faïence qui ornent ses murs intérieurs. Mais pour autant, tous ne sont pas bleus !
Tous ces carreaux ont été fabriqués à Iznik, une ville turque à deux heures de route environ au sud-est d’Istanbul (de l’autre côté du détroit du Bosphore, qu’il vous faudra alors traverser en vapur), réputée pour sa céramique.
Les célèbres carreaux d’Iznik, qui font la réputation (et le nom) de la Mosquée Bleue d’Istanbul, présentent une grande variété de motifs floraux : tulipes stylisées, œillets, roses et cyprès. Le tout dans des tons allant du bleu cobalt au rouge, en passant par le turquoise et le vert.
La salle de prière principale de la Mosquée Bleue est ainsi inondée de lumière, grâce à ses 260 fenêtres. Autrefois, elles étaient encore dotées des vitraux colorés d’origine, mais beaucoup ont été remplacés depuis.
Ces carreaux d’Iznik représentent l’apogée de l’art céramique ottoman, mais aussi sa fin. Car en réalité, la production de céramique à Iznik commence à décliner peu après l’achèvement de la mosquée, en raison notamment de la baisse de qualité et de la perte des techniques artisanales traditionnelles.
Les versets du Coran calligraphiés à l’intérieur de la Mosquée Bleue sont l’œuvre de Seyyid Kasım Gubari, un calligraphe ottoman du 17e siècle.
La fonction religieuse et les annexes de la Mosquée Bleue
La Mosquée Bleue n’était pas seulement un lieu de culte. Comme les grandes mosquées impériales ottomanes, elle était au centre d’un külliye, c’est-à-dire un grand complexe qui comprenait des institutions religieuses, sociales et éducatives : une médersa (une école coranique), un hôpital, une cuisine pour les pauvres, des logements pour les étudiants et un mausolée.
Le türbe du sultan Ahmet Ier, construit en 1619 juste à l’extérieur de la mosquée, abrite sa dépouille ainsi que celles de son épouse Kösem Sultan et de plusieurs de ses fils. Ce mausolée richement décoré est encore visible aujourd’hui. À l’est, le bâtiment abritait également un marché couvert et des fontaines publiques.
La fonction spirituelle de la mosquée est toujours active : elle reste un lieu de prière important, particulièrement fréquenté lors du ramadan. La mosquée est fermée aux visiteurs pendant les cinq prières quotidiennes, et l’accès au mihrab (niche indiquant la direction de La Mecque) est réservé aux fidèles.
Informations pratiques
- La Mosquée Bleue d’Istanbul est située dans le quartier de Sultanahmet. Elle est facilement accessible en tramway via la ligne T1 (arrêt Sultanahmet), à quelques minutes à pied des principaux sites historiques.
- La Mosquée Bleue est ouverte tous les jours. Mais elle est fermée aux visiteurs environ 30 minutes avant et après chaque prière. Les heures de prière varient selon la saison. L’entrée est entièrement gratuite.
- Prévoir 30 à 45 minutes sur place au minimum, le temps d’apprécier l’architecture extérieure, l’intérieur et les détails des céramiques d’Iznik.
- Une tenue correcte est exigée. Le cas contraire, un voile pourra vous être prêté à l’entrée (gratuitement). À l’intérieur, vous devrez vous déchausser.



Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en mars 2025.
Voyager à Istanbul : fiche pratique
- Se rendre à Istanbul :
- Se loger à Istanbul :
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