La Guadeloupe ne se résume pas à ses plages de carte postale : elle se vit à travers ses marchés colorés, ses paysages volcaniques, ses villages créoles… et son rhum. Véritable pilier de l’identité locale, le rhum agricole y est bien plus qu’une boisson : c’est un héritage, une fierté, un art de vivre. À Basse-Terre, la distillerie Bologne incarne cette tradition vivante, entre champs de canne, savoir-faire ancestral et parfum de terroir.
Dans cet article, je vous emmène pour une visite guidée de l’une des deux grandes distilleries de rhum de Guadeloupe : la distillerie Bologne (l’autre étant la distillerie Damoiseau, à Grande-Terre). L’occasion d’en découvrir plus sur l’histoire du rhum en Guadeloupe, l’histoire de cette exploitation… et bien sûr de déguster (avec modération) l’or distillé de Guadeloupe !
Sommaire de l’article :
- La distillerie Bologne, un pan de la culture guadeloupéenne
- L’héritage de la famille Bologne et l’évolution de la marque
- Des plantations de canne à sucre au pied du volcan de la Soufrière
- La visite guidée : pour tout savoir sur le rhum de Guadeloupe
- La dégustation : l’instant tant attendu !
- Informations pratiques
La distillerie Bologne, un pan de la culture guadeloupéenne
Au pied du volcan de la Soufrière, à Basse-Terre, la distillerie Bologne veille depuis plusieurs siècles sur les traditions du rhum agricole guadeloupéen. Fondée à l’origine au 17e siècle comme habitation sucrière, elle produit du rhum depuis la fin du 19e siècle. La distillerie Bologne est aujourd’hui l’une des rares distilleries de Guadeloupe à avoir conservé son caractère familial.
La Guadeloupe entretient un rapport presque sacré avec le rhum. Il est partout : dans les verres de Ti’ punch (bien sûr), dans les fêtes, dans les recettes de cuisine…
La distillerie de Bologne est situé pile entre la mer des Caraïbes et les flancs verdoyants du volcan de la Soufrière. Une situation géographique qui donnerait au rhum Bologne en Guadeloupe sa saveur particulière, et qui serait ainsi à l’origine de sa réputation.
Pour les voyageurs curieux, la distillerie Bologne est une porte d’entrée à ne pas manquer sur l’un des pans de la culture guadeloupéenne.
La meilleure période pour visiter la distillerie Bologne à Basse-Terre, en Guadeloupe, est entre février et juin, pendant la période de récolte et de distillation. À ce moment-là, les machines tournent à plein régime !
L’héritage de la famille Bologne et l’évolution de la marque
L’histoire de la distillerie est étroitement liée à celle de la famille Bologne, des colons d’origine normande installés en Guadeloupe au 17e siècle. Le domaine a traversé les soubresauts de l’histoire coloniale, de l’abolition de l’esclavage ou encore des crises agricoles… À la fin du 19e siècle, il s’est reconverti progressivement en distillerie.
Depuis, l’établissement a changé de main mais a su conserver le nom de ses fondateurs, devenus une référence dans le monde du rhum. La distillerie Bologne est aujourd’hui parmi les plus respectées de Guadeloupe.
La production de la distillerie Bologne est assez modeste (environ 300 000 litres par an). Mais reconnue pour sa qualité, face à sa grande concurrente la distillerie Damoiseau (à Grande-Terre, l’autre île de Guadeloupe).
Le blason familial, que l’on retrouve sur chaque bouteille, évoque cette filiation ancienne, dont les producteurs du rhum Bologne restent aujourd’hui fiers.
Des plantations de canne à sucre au pied du volcan de la Soufrière
La distillerie Bologne n’est pas un musée pour touristes, c’est une exploitation agricole et un site de production en activité. Même au mois d’août (un mois plus calme que durant la haute saison de production), on le ressent. La distillerie de Bologne se visite dans son jus (de canne).
La distillerie Bologne produit exclusivement du rhum agricole, le rhum le plus prisé des amateurs. Le rhum agricole est issu du jus de canne fraîchement pressé, à la différence du rhum industriel (ou de sucrerie), qui lui est élaboré à partir de mélasse (le sirop issu du raffinage du sucre de canne).
Le terroir volcanique de Basse-Terre (sur les pentes duquel on pourrait faire de belles compétitions de bœufs tirants, un sport national en Guadeloupe !), où se situe les plantations de canne à sucre et la distillerie de Bologne elle-même, donne à la canne une richesse aromatique particulière.
Bologne se distingue d’ailleurs par sa culture exclusive d’une variété rare : la canne noire. Elle est reconnaissable à ses tiges pourpres et réputée pour sa concentration en sucre et sa complexité aromatique. Elle donnerait l’un des meilleurs rhums (la Petite canne noire).
La visite guidée : pour tout savoir sur le rhum de Guadeloupe
La distillerie Bologne propose toute l’année des visites de ses installations, pour tout comprendre sur le processus de récolte et de distillation de la canne à sucre, jusqu’à la préparation des rhums vendus en boutique.
Ma visite s’effectue au mois d’août, une période calme de l’année dans les distilleries de Guadeloupe. Les machines étaient à l’arrêt : la récolte de la canne à sucre s’achève généralement en juin.
Pourtant, l’expérience reste enrichissante. La guide, passionnée et bien informée, nous a emmenés sur un parcours complet, depuis les champs de canne jusqu’à la mise en bouteilles (et la dégustation !).
On découvre d’abord les plantations, qui jouxtent la distillerie, puis l’aire de réception des cannes. Puis la zone de broyage. Ensuite, les colonnes en cuivre traditionnelles dans lesquelles s’effectue la distillation de la canne à sucre : c’est un procédé qui demande précision et régularité, et dont le résultat se mesure à la finesse des arômes. Et enfin, les chais où dorment les rhums vieux, avant de pouvoir être vendus dans le commerce.
Chaque étape est l’occasion d’en apprendre davantage sur les gestes, les savoir-faire et les contraintes de la production.
La visite est aussi l’occasion de détailler l’engagement progressif de la distillerie Bologne vers une production plus durable : gestion des résidus, économies d’eau, valorisation des bagasses (les résidus de canne à sucre)…
La dégustation : l’instant tant attendu !
Impossible de quitter la distillerie sans passer par la case dégustation. C’est l’étape que tout le monde attend, et à juste titre ! Installés dans une petite boutique lumineuse à la sortie de la visite, c’est l’occasion de découvrir plusieurs cuvées emblématiques de la distillerie Bologne.
- Le rhum blanc à 50° est la star des lieux, et l’ingrédient indispensable d’un Ti’ punch réussi. La version à base de canne noire (la Petite canne noire), signature de la maison, révèle des notes végétales plus complexes.
- Les gourmands pourront se tourner vers le rhum ambré, utile pour accompagner les célèbres babas.
- Enfin, les amateurs apprécieront les rhums vieux : le VSOP, vieilli au moins 4 ans en fût de chêne, développe des arômes de vanille, de cacao et de fruits confits.
Une large gamme de rhums où chacun pourra trouver son bonheur (avec modération, bien sûr) !
Bon à savoir : certaines cuvées, comme les millésimés ou les éditions limitées, ne sont pas toujours faciles à trouver ailleurs. En outre, les prix sont avantageux à la distillerie (et moins chers qu’en métropole).
Informations pratiques
- La distillerie de rhum Bologne se situe à l’entrée de Basse-Terre (au nord), en bord de mer, à environ 1h15 de route de Pointe-à-Pitre.
- Visites guidées à heures fixes (durée de 1h30) : de 9h à 15h du lundi au vendredi, à 9h, 10h et 11h30 le samedi. Plus d’informations sur le site officiel de la distillerie Bologne. La visite coûte 12 € par adulte, avec dégustation incluse. Réservation obligatoire par téléphone (voir le site internet).
- Pour voir la distillation en cours, privilégiez la période de récolte entre février et juin ; en août, l’activité est plus calme.
- Il y a aussi une boutique sur place : ouverte du lundi au vendredi de 8h30 à 17h, et le samedi de 8h30 à 13h30.
Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en août 2022.
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