Vítkov : le plus beau point de vue sur Prague

Un peu à l’écart du centre-ville de Prague, la colline de Vítkov ne semble pas attirer les foules de touriste, qui préfèrent se presser du côté du pont Charles. Pourtant, c’est le lieu d’une célèbre bataille au cœur de l’identité tchèque. Aujourd’hui, la colline de Vítkov reste un lieu chargé d’histoires, aussi apprécié des habitants de Prague qui viennent y passer du bon temps en famille, voire des soirées littéralement underground entre amis…

Dans cet article, je vous emmène découvrir la colline de Vítkov, à Prague. Je vous ferai découvrir quelques secrets bien gardés de cet endroit (comme ses bunkers anti-atomiques !). Et je vous ferai grimper en haut du mémorial de Vítkov, où voir l’un des plus beaux panoramas sur la ville de Prague…

La colline de Vítkov, un lieu chargé d’histoires

La colline de Vítkov est l’un des points emblématiques de Prague, située dans le quartier de Žižkov, à l’est du centre historique de la ville. Perchée à 270 mètres d’altitude, cette colline verdoyante domine Prague et offre l’un des plus beaux points de vue sur la capitale tchèque.

Bordée par la rivière Vltava au sud et le quartier de Karlin à l’ouest, la colline de Vítkov est un grand parc arboré prisé des habitants de la ville. Les beaux jours, les jeunes viennent volontiers y passer du temps voire pique-niquer.

Au sommet de cette colline de Prague se trouve en surplomb un monument intrigant : le mémorial de Vítkov. Un monument qui rappelle que cette colline anodine de la ville de Prague est aussi un lieu chargé d’histoires…

La colline de Vítkov est d’une importance particulière dans l’histoire tchèque. Elle a notamment été le théâtre d’une grande bataille le 14 juillet 1420, durant laquelle les hussites (un courant religieux important dans l’établissement de la communauté tchèque en Bohême) triomphèrent, sous les ordres de Jan Žižka, devenue une figure nationale. La victoire fut décisive pour les Hussites, et reste un moment fort de l’histoire nationale tchèque.

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Rejoindre la colline de Vítkov depuis le centre-ville

La colline de Vítkov à Prague se situe à l’Est de la ville. Le plus simple est de s’y rendre à pied, en 30 minutes environ depuis la Vieille Ville ou en une dizaine de minutes depuis la gare de Prague.

À pied, depuis la Vieille Ville, on arrive au pied du musée militaire de Žižkov (le nom du quartier au sud de la colline). C’est le début de l’ascension vers le mémorial de Vítkov. Les amateurs de trains (à Prague, il y en a quelques uns) profiteront d’un joli point de vue sur un viaduc ferroviaire pendant l’ascension, d’où se dessine en arrière-plan la Vieille Ville et ses clochers.

Depuis le musée en bas de la colline, il ne vous faudra pas plus d’une dizaine de minutes pour arriver au mémorial de Vítkov. Seul regret de cet itinéraire direct : vous ne percevrez pas l’un des secrets (pas très bien gardés) de la colline de Vítkov… son tunnel et ses bunkers !

Le tunnel de Žižkov et les bunkers de la colline de Vítkov

Sous la colline de Vítkov se cache en effet un édifice assez étonnant : le tunnel de Žižkov. En réalité, il existe quatre tunnels qui traversent la colline de Vítkov (dont des tunnels ferroviaires), mais le plus connu est le tunnel piétonnier. Ouvert en 1953, ce passage souterrain de 303 mètres relie les quartiers de Žižkov (au sud, en hauteur) et de Karlin (au nord, en contrebas).

Le tunnel est accessible uniquement aux piétons et aux cyclistes (plutôt dans le sens de la descente !), qui apprécient son côté fonctionnel pour relier les deux quartiers de Prague. L’été en particulier, c’est aussi un lieu de soirées improvisées, dans une ambiance littéralement underground plutôt bon enfant.

Plus étonnant encore, la colline de Vítkov abrite également plusieurs bunkers datant de la début de la Guerre froide. Construits dans les années 1950, ces bunkers consistent en un réseau de galeries souterraines qui court sous la colline de Vítkov à Prague. Dans le contexte de la Guerre froide, les bunkers étaient destinés à accueillir jusqu’à 5000 Praguois pendant plusieurs jours, en cas d’attaque de grande ampleur, nucléaire notamment. Les bunkers disposaient ainsi de leurs propres réseaux d’eau, d’électricité et de climatisation pour assurer le confort (relatif) des habitants qui y trouveraient refuge si nécessaire…

En vous promenant sur la colline de Vítkov, vous aurez peut-être l’occasion de tomber sur l’un des cinq corridors d’accès. Si la visite vous intéresse, des guides spécialisés proposent des visites, sur réservation.

Le mémorial de Vítkov : un livre d’histoire à lui seul…

Mais revenons-en au monument principal de la colline éponyme : le mémorial de Vítkov. Bien plus qu’un simple monument, le mémorial de Vítkov est un témoin de l’histoire complexe de la Tchéquie.

À partir de l’année 1882, une association de Praguois milite pour la construction d’un mémorial sur la colline de Vítkov pour rendre hommage à Jan Žižka. Pendant près de quarante ans, l’association organise régulièrement des événements sur la colline pour commémorer le chef hussite.

Après la Première guerre mondiale, l’idée d’un Monument de la Résistance voit le jour. Le projet fusionne avec l’idée d’un mémorial pour Jan Žižka. Un projet émerge d’un concours d’artistes, en deux morceaux : au pied de la colline, un musée (le futur musée militaire de Žižkov) et en haut, le mémorial. Les travaux commencent en 1927, et dureront des années…

La Seconde guerre mondiale, et l’occupation des soldats nazis (avant leur procès dans la salle 600 du tribunal de Nuremberg), freinent le projet. La structure du monument est construite, mais les quelques objets de valeur qui y avaient été installés sont retirés. Les locaux finissent par être réquisitionnés par l’Armée allemande, pour stocker du matériel.

Le 14 juillet 1950, la statue équestre de Jan Žižka, l’une des plus grandes statues équestres en bronze au monde, est dévoilée pour commémorer l’anniversaire de la bataille de Vítkov. Quelques années plus tard, sous l’ère du communisme, le mémorial est transformé : d’abord en un « panthéon du prolétariat », puis carrément en mausolée pour Klement Gottwald, le premier président de la Tchécoslovaquie communiste…

Il faut attendre la Révolution de Velours en 1989, puis la chute de l’Union soviétique (à laquelle le mouvement Solidarnosc a fortement contribué, dans la Pologne voisine), pour revenir progressivement au projet originel. Aujourd’hui, le mémorial abrite notamment le tombeau du soldat inconnu.

Un panorama imprenable sur Prague

Le bâtiment du mémorial de Vítkov a rouvert au public en 2009. Son accès est gratuit, et on peut apprécier l’architecture étonnante de ce bâtiment à l’histoire particulièrement riche !

La surprise la mieux gardée du bâtiment se trouve peut-être tout en haut, sur le toit : une terrasse accessible au public (gratuitement). De là-haut, on peut profiter d’un panorama à 360 degrés sur Prague.

On peut notamment profiter d’une vue magnifique sur la Vieille Ville. Je vous recommande d’y venir en fin d’après-midi, car c’est un bel endroit pour profiter du coucher de soleil sur les toits de Prague.

Au sud, non loin de là, dans le quartier de Žižkov, vous aurez aussi une belle vue sur la Tour de télévision de Žižkov. C’est le plus haut édifice de la ville, construit entre 1985 et 1992. Si certains Praguois s’amusent à considérer qu’il s’agit de l’un des bâtiments les plus moches du monde, elle abrite depuis l’an 2000 une des sculptures de la star locale David Černý : dix bébés sans visage. Leur présence devait être temporaire, mais elle a tellement plu aux habitants que les bébés ont été réinstallés de façon définitive dès 2001.

Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en novembre 2024.