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Gdansk, au centre européen de la solidarité

Dans les années 1970, les chantiers navals de Gdansk ont été le théâtre de grèves historiques. Elles ont changé le destin de la Pologne, et de l'Europe entière.

Vue sur le mur Solidarnosc à l'intérieur du musée
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Lecture : 7 min

Gdansk est une ville marquée par l’histoire. En arrivant dans la ville polonaise, une visite au Centre européen de la solidarité s’impose comme une évidence. Plus qu’un simple musée, le lieu incarne l’esprit de résistance et de liberté qui a transformé non seulement la Pologne, mais aussi l’Europe entière.

Dans cet article, je vous emmène découvrir ce musée situé sur les anciens chantiers navals de Gdansk. Une opportunité de se replonger dans l’histoire de Solidarnosc, un mouvement ouvrier qui a contribué à renverser le régime communiste en Europe de l’Est. Un voyage émouvant au cœur de la lutte pour la liberté, avec une figure clé en toile de fond : Lech Wałęsa.

Une immersion captivante dans l’histoire de Solidarnosc

Le Centre européen de la solidarité, avec son architecture moderne en acier rouillé rappelant les navires construits autrefois ici, affiche ses ambitions : il se veut être un véritable témoignage de la lutte pour la liberté.

Le musée est conçu de manière à nous plonger directement dans le contexte historique des années 1970, au lancement des premières grèves qui verront, dix ans plus tard, la création du mouvement Solidarnosc. Des affiches, des photos et des documents d’époque, soigneusement exposés, racontent l’histoire des chantiers navals de Gdansk. Et celle de Solidarnosc, ce syndicat devenu emblématique, fondé par Lech Wałęsa et ses compagnons.

À travers les différentes salles, on peut suivre l’évolution du mouvement, de ses débuts modestes jusqu’à sa reconnaissance internationale. Les enregistrements vidéo et les témoignages sonores des travailleurs des chantiers navals sont particulièrement touchants : ils font revivre les moments intenses de grèves et de manifestations qui ont secoué non seulement la Pologne, mais aussi tout le bloc de l’Est.

Une visite qui permet de mieux comprendre l’importance de Gdansk dans l’effondrement du communisme en Europe de l’Est, ainsi que le rôle crucial joué par Solidarnosc dans ce processus.

Une salle à l'intérieur du musée de Solidarnosc
Les salles du musée replongent dans l’ambiance de la Pologne des années 1970 et 1980 (sur la banderole : « nous voulons un monde sans armées, sans armes ni bourreaux »)

Lech Wałęsa : l’homme qui a défié l’empire communiste

Dès les premières salles, une figure s’annonce omniprésente : celle de Lech Wałęsa, bien sûr ! Lech Wałęsa est électricien sur les chantiers navals de Gdansk. Il participe aux premières grèves de 1970. Elles avaient tourné à l’émeute et avaient fait 42 morts.

Dix ans plus tard, en 1980, une nouvelle grève éclate sur les chantiers navals de Gdansk. Les ouvriers protestent contre des hausses de prix des produits alimentaires. Le licenciement d’une de leurs collègues (Anna Walentynowicz), quelques mois avant sa retraite (elle perd alors tous ses droits), est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les ouvriers, réunis derrière Lech Wałęsa, lancent une grande grève, qui conduit à la signature de l’accord de Gdansk.

Les négociations de l’accord ont lieu dans un bâtiment encore visible sur les anciens chantiers navals de Gdansk. Les panneaux en bois sur lesquelles les ouvriers ont peint leurs revendications sont exposés dans le musée. Ils sont même aujourd’hui classés au patrimoine mondial de l’UNESCO !

Les grévistes avaient placés ces panneaux sur les grilles des chantiers navals en août 1980, pour porter leurs 21 revendications. Parmi ces revendications, le droit de former des syndicats indépendants : un tournant décisif qui permettra la création du syndicat Solidarnosc.

Le musée retrace le parcours du leader charismatique du mouvement Solidarnosc. D’abord simple ouvrier des chantiers navals, il s’impose rapidement comme le leader de ce mouvement qui allait changer le cours de l’histoire. Les expositions présentent des objets personnels, des discours et des photographies de Lech Wałęsa.

Le musée met en lumière les nombreuses difficultés auxquelles Lech Wałęsa et ses compagnons ont dû faire face, notamment la répression sévère du régime, puis la loi martiale imposée en 1981. Du jour au lendemain, les tanks sont dans la rue. Sans réussir à briser l’élan de liberté du peuple polonais.

Lech Wałęsa devient une figure tellement populaire qu’il finira par être élu président de la Pologne en 1990.

Un des panneaux en bois portant les 21 revendications des grévistes
Un des panneaux en bois placés en août 1980 sur les grilles des chantiers navals de Gdansk, portant les 21 revendications des grévistes (dont la création des syndicats libres)

L’influence du pape Jean-Paul II : un soutien spirituel et politique

Un autre aspect fascinant du musée est la relation entre Lech Wałęsa et le pape Jean-Paul II, dont l’influence sur Solidarnosc et sur la Pologne est indéniable. Le musée souligne ainsi à plusieurs reprises l’importance du soutien moral et spirituel que le pape a offert au mouvement polonais.

Jean-Paul II, lui-même Polonais, a été une figure clé dans la mobilisation des masses contre le communisme. Son voyage en Pologne en 1979, où il a prêché la liberté et la dignité humaine, a galvanisé la résistance populaire. À plusieurs reprises, le pape Jean-Paul II soutient explicitement les ouvriers des chantiers navals de Gdansk. Petit à petit, il réussit surtout à insuffler au peuple polonais le sentiment de faire nation.

La visite du Centre européen de la solidarité de Gdansk permet ainsi de comprendre comment Jean-Paul II a utilisé son influence internationale pour attirer l’attention sur les injustices subies par le peuple polonais. Un rôle crucial pour forcer le régime communiste à reconnaître le mouvement.

Gdansk, berceau de la résistance ouvrière et symbole de la liberté

La visite du Centre européen de la solidarité de Gdansk ne se limite pas à l’histoire de Solidarnosc. Elle offre aussi un regard plus large sur les luttes sociales et les mouvements de résistance à travers le monde. On peut ainsi y découvrir des expositions consacrées à d’autres figures et événements clés qui ont marqué la quête de liberté et de justice. En fin de visite, un émouvant mur recouvert d’étiquettes, sur lesquelles tout un chacun peut écrire, rappelle que de nombreux peuples luttent encore pour leur liberté à travers le monde.

En sortant du musée, j’ai pris un moment pour me promener à l’extérieur du musée, sur les anciens chantiers navals de Gdansk. Ces lieux, autrefois le théâtre de luttes acharnées, sont aujourd’hui un symbole de résilience et de renaissance. Les grues massives et les docks abandonnés rappellent les batailles ouvrières qui s’y sont déroulées, tandis que les nouveaux espaces culturels et cafés branchés signalent la transformation continue de Gdansk en une ville tournée vers l’avenir.

C’est un contraste saisissant qui illustre bien le chemin parcouru depuis les jours sombres du communisme.

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Informations pratiques

  • De mai à septembre, le musée est ouvert tous les jours, de 10h à 19h en semaine et jusqu’à 20h le week-end. Le reste de l’année (entre octobre et avril), le musée ferme à 17h en semaine et à 18h le week-end, et il est fermé le mardi. Plus d’informations sur le site officiel du centre européen de la solidarité à Gdansk.
  • L’entrée du musée est payante. Le ticket coûte 35 złotys (environ 8€), incluant la location d’un audio-guide (disponible en français). Des réductions existent. Il est possible de réserver en avance un billet horodaté sur le site internet du musée, mais cela n’est pas nécessaire.
  • Comptez une demie-journée de visite, en prenant le temps de visiter les environs, dans l’enceinte des anciens chantiers navals de Gdansk.
  • Il faut à peine une vingtaine de minutes à pied depuis le centre-ville de Gdansk pour rejoindre le musée. Si vous le souhaitez, vous pouvez tout de même prendre le tram (arrêt : Plac Solidarności).

Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en juin 2024.

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