Paris entretient une longue histoire d’amour avec ses grands magasins. Les Parisiens sont attachés à ces temples de la consommation, aux histoires légendaires, devenus au fil du temps des icônes architecturales. Parmi eux, la Samaritaine occupe une place à part : car à l’époque, on trouvait de tout, à La Samaritaine (disait le slogan) ! Nichée entre la Seine et le Louvre, la Samaritaine incarne désormais l’élégance parisienne : une réinvention audacieuse signée du groupe LVMH.
Dans cet article, je vous fais découvrir l’intérieur de la Samaritaine, l’un des plus célèbres Grands Magasins parisiens. Même si le magasin est aujourd’hui devenu un temple du luxe bien éloigné de sa vocation originelle, il a su conserver son architecture Art nouveau typique.
Sommaire de l’article :
La Samaritaine, un monument parisien hors du commun
Avec ses façades Art nouveau, ses ferronneries élégantes et ses verrières inondées de lumière, la Samaritaine semble sortie tout droit d’un roman de Zola ! Un Bonheur des Dames version luxe et moderne…
Nichée entre la Seine et l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, à deux pas du musée du Louvre, elle occupe tout un pâté de maisons, comme une mini-ville au cœur de Paris. Depuis sa réouverture en 2021, la Samaritaine attire à nouveau les Parisiens curieux, les touristes en quête d’architecture, et les amateurs de shopping haut de gamme.
Mais la Samaritaine, c’est bien plus qu’un simple grand magasin. Le célèbre magasin de Paris est aussi un symbole de l’histoire commerciale et sociale de la capitale. Née à la fin du 19e siècle, au moment où Paris s’inventait une modernité faite de grands boulevards grâce aux grands travaux du baron Haussmann (ou, plus modestement, à l’époque des agrandissements du château de Rentilly, en Seine-et-Marne), elle a longtemps incarné un idéal de consommation populaire. Bien loin du luxe d’aujourd’hui ! On venait à la Samaritaine pour acheter de tout, à prix fixes, dans une ambiance animée.

Une histoire née sous le Second Empire
L’histoire commence en 1870, alors que Paris se transforme avec les grands chantiers du baron Haussmann. Ernest Cognacq, petit commerçant aux débuts modestes, installe un comptoir dans une échoppe vide près du Pont Neuf. Il y vend quelques articles bon marché, inspiré par le modèle du Bon Marché, un autre célèbre grand magasin de la capitale. Rapidement, il est rejoint par sa femme Marie-Louise Jaÿ, qui apporte son sens de l’organisation.
Le couple révolutionne alors le commerce parisien. Prix fixes affichés (une nouveauté à l’époque), politique de retour des articles, démonstrations produits : autant de pratiques devenues standards aujourd’hui, mais inédites à l’époque. Le succès est fulgurant. En quelques années, la Samaritaine s’étend sur plusieurs immeubles, organise des soldes, développe un catalogue. « On trouve tout à la Samaritaine » (ce sera son célèbre slogan publicitaire), du chapeau à la literie, avec même un rayon alimentation.
Ce nom étrange, « Samaritaine », vient d’une ancienne pompe à eau située sur le Pont Neuf. Celle-ci était décorée d’une sculpture illustrant l’épisode biblique de la rencontre de Jésus et de la Samaritaine au puits de Jacob.
À la Belle Époque (entre la fin du 19e siècle et le début de la Première guerre mondiale), le magasin de la Samaritaine devient un emblème de la capitale.
Un chef‑d’œuvre Art nouveau et Art déco
Dès les années 1900, la réussite commerciale de la Samaritaine s’incarne dans son architecture. Ernest Cognacq fait appel à Frantz Jourdain, un architecte novateur, pour bâtir un édifice à la hauteur de ses ambitions.
Le résultat est spectaculaire : une façade en métal apparent, de grandes verrières, des céramiques aux motifs floraux (un des traits caractéristiques de la Samaritaine)… Le tout dans un style Art nouveau flamboyant, parfois décrié à l’époque pour son exubérance. Aujourd’hui, le bâtiment de la Samaritaine fait encore partie des plus beaux témoignages de ce style à Paris.
Dans les années 1920, c’est Henri Sauvage, un autre grand nom de l’architecture moderne, qui prend le relais de Frantz Jourdain. Il signe la partie Art déco de la Samaritaine, avec des lignes plus sobres, des angles nets, et une élégance géométrique. C’est à lui que l’on doit le fameux escalier monumental de 270 marches, toutes en bois de chêne, à l’intérieur de la Samaritaine. Les bâtiments de la Samaritaine sont désormais classés au titre des Monuments historiques.

Le déclin, la fermeture puis la renaissance de la Samaritaine
Pendant des décennies, la Samaritaine est un pilier du commerce parisien. Une institution, même. Mais à la fin du 20e siècle, le célèbre magasin parisien commence à perdre de sa superbe. Face à la concurrence des Galeries Lafayette, du Printemps, et des grands centres commerciaux, elle peine à se renouveler.
En 2005, coup de théâtre : les bâtiments sont jugés non conformes aux normes de sécurité. La Samaritaine ferme ses portes, presque du jour au lendemain. S’en suivent des années de flottement…
En 2010, LVMH, propriétaire du site depuis les années 2000, annonce un projet titanesque : rénover, restructurer, et réinventer la Samaritaine pour en faire un lieu du 21e siècle.
Le chantier de la Samaritaine durera plus de 15 ans, avant sa réouverture. Un vrai défi : il faut respecter le patrimoine historique tout en réussissant à lui donner un petit coup de peps, avec des éléments ultra contemporains comme une façade en verre ondulé. Le projet suscite de nombreux débats parmi les Parisiens, restés attachés au souvenir de cette institution de la capitale. En particulier, autour de la question de la pertinence de transformer cet ancien magasin populaire en un temple du luxe…
Une réinvention signée LVMH
Mais le pari est tenu, et la Samaritaine réinventée rouvre en juin 2021. LVMH a transformé la Samaritaine : on y trouve désormais un hôtel de prestige (le Cheval Blanc Paris, avec sa piscine panoramique et ses suites avec vue sur Notre-Dame) et une galerie commerciale haut de gamme.
Le grand magasin, lui, s’étend sur plusieurs niveaux. Les plus grandes maisons de mode (et notamment celles du groupe LVMH, bien sûr) y côtoient des marques plus confidentielles. Le tout dans un décor somptueux, à la fois moderne et respectueux de son architecture flamboyante remise à neuf.
Le groupe LVMH a semble-t-il voulu faire de la Samaritaine une vitrine du savoir-faire français. D’ailleurs, aujourd’hui encore, on y croise peut-être plus de flâneurs que d’acheteurs. Beaucoup viennent simplement admirer les lieux, comme dans un musée, ou prendre un café au dernier étage.
D’ailleurs, si vous l’aviez oublié, la terrasse de la Samaritaine (et le groupe LVMH propriétaire des lieux !) avait été mise à l’honneur à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024.

Ce qu’il faut voir à la Samaritaine
Comme ces nombreux touristes qui ne sont que de passage à la Samaritaine, même si vous ne comptez rien acheter, n’hésitez pas à pousser les portes du grand magasin emblématique de Paris ! D’abord, pour son escalier monumental, joyau de l’Art nouveau, surplombé d’une verrière vertigineuse. Ensuite, pour les façades extérieures : l’une, en pierre et métal sculpté, avec ses peintures et ses dorures, évoque les années 1900 (c’est la plus belle !) ; l’autre, en verre ondulé (installée lors de la rénovation des années 2010).
Montez ensuite (idéalement par l’escalier monumental, mais des escalators sont aussi disponibles) au sommet. L’espace restauration Voyage y propose une carte créative dans un cadre élégant, tandis que la boulangerie Ernest, clin d’œil à Ernest Cognacq, offre une ambiance plus décontractée et plus adaptée aux bourses modestes.
Malheureusement, pour ce qui concerne la vue en haut, c’est plutôt décevant, sauf à s’asseoir à la table de certains des prestigieux restaurants de la Samaritaine (avant d’embarquer à bord de votre vol en cabine La Première avec Air France ?), comme Le Tout-Paris de l’hôtel Cheval Blanc. On ne vous divulgâche rien : malgré son nom, les prix de la carte du restaurant ne sont pas faits pour attirer le tout-Paris ! Mais la vue sur la Seine est belle…
Informations pratiques
- La Samaritaine se situe au 9 rue de la Monnaie, juste en face du Pont-Neuf à Paris. Métro Pont Neuf (ligne 7) ou Louvre-Rivoli (ligne 1).
- Le Grand Magasin parisien est ouvert tous les jours de l’année, de 10h à 20h, sauf le 1er mai.
- L’accès à l’intérieur de la Samaritaine est gratuit : vous ne serez pas obligé d’acheter ! D’ailleurs, la plupart des gens à l’intérieur seront sans doute des flâneurs… Allez faire un tour au dernier étage pour profiter de l’architecture du bâtiment, et de son grand escalier de 270 marches.
- Pour faire une pause sans trop dépenser, les bars au dernier étage de la Samaritaine sont un lieu agréable pour boire un verre.



Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en décembre 2021.
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