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Île d’Alcatraz : visite au parfum d’évasion

Dans la baie de San Francisco, la prison d'Alcatraz a longtemps été un lieu duquel on ne s'échappait pas. Visite de la prison la plus célèbre des États-Unis.

Arrivée sur l'île d'Alcatraz en bateau

La prison d’Alcatraz, en Californie, hante notre imaginaire collectif. Maintes fois filmée pour le cinéma ou la télévision, la destination incarne nos fantasmes d’évasion… au sens propre du terme ! Il faut dire que la prison d’Alcatraz était réputée pour être l’une des plus sécurisées des États-Unis. Pas étonnant donc que les plus grands criminels du pays de l’Oncle Sam y aient séjourné. À l’image d’un certain Al Capone…

Direction San Francisco pour une visite de la prison d’Alcatraz. Et promis, vous réussirez à vous (en) évader !

Une prison posée au milieu de la baie de San Francisco

La prison d’Alcatraz se situe sur l’île du même nom : l’île d’Alcatraz. Juchée au milieu de la baie de San Francisco, l’île d’Alcatraz a depuis longtemps été un point stratégique de la région. Elle constitue en effet un formidable poste d’observation, d’où surveiller l’ensemble de la baie de San Francisco.

Car dès le milieu du 19e siècle, la ruée vers l’or fait de la Californie l’une des terres promises de nombreux américains. Des migrants venus de l’Est des États-Unis viennent s’y construire une nouvelle vie, avec l’espoir d’une richesse qui tardait à venir dans l’ouest du pays. Petit à petit, une population de plus en plus importante s’installe sur les rives de la baie de San Francisco.

La géographie de l’île d’Alcatraz est idéale pour y bâtir une forteresse. Suffisamment isolée, elle est difficile à prendre par l’ennemi. L’île d’Alcatraz est aussi suffisamment grande pour y accueillir une garnison confortable (jusqu’à 200 hommes). De quoi être capable de tenir un siège…

Conçu donc à l’origine comme un lieu difficile à assiéger, c’est en fait le raisonnement inverse qui rendra le site célèbre. Difficile à prendre, certes… mais tout aussi difficile d’en sortir ! Pour ne rien arranger, les terribles courants froids de l’océan Pacifique, qui entrent dans la baie de San Francisco au niveau du pont du Golden Gate, rendent difficile toute tentative d’évasion à la nage.

Passé le constat que les infrastructures de défense prévues sur l’île d’Alcatraz n’auront en réalité que peu servi au cours de l’Histoire du fort, les lieux changent progressivement de vocation. C’est le début du mythe de la prison d’Alcatraz. D’abord simple prison militaire, c’est dans le courant des années 1930 qu’elle devient une prison fédérale. L’ambition est d’en faire un modèle du genre pour les États-Unis.

A, B, C, D : différents « Blocks » pour les prisonniers d’Alcatraz

Les prisonniers d’Alcatraz sont répartis dans différentes unités de cellules, appelées les Blocks. Contrairement aux autres prisons fédérales, la prison d’Alcatraz a le mérite de proposer des cellules individuelles à chacun de ses prisonniers : un traitement de faveur que certains apprécient ! Surtout quand on sait le genre de criminels qui croupissent dans les autres cellules…

Les Blocks A, B et C sont composées de cellules assez similaires. Elles font environ 5m² chacune. Les cellules du Block A ont en réalité surtout servi de débarras : elles n’ont quasiment pas accueilli de prisonniers. Les prisonniers étaient regroupés majoritairement dans les 336 cellules des Blocks B et C.

Gros plan sur les cellules de la prison d'Alcatraz
Détail des cellules du Block C d’Alcatraz, depuis l’allée principale de la prison (Broadway)

Un dernier quartier jouissait d’une terrible réputation : le Block D. Il comportait une quarantaine de cellules destinées à accueillir les malfrats à punir, dont 6 cellules dites de « confinement » pour les criminels les plus durs. Complètement hermétiques à la lumière, les prisonniers y restent enfermés dans le noir 24 heures sur 24. Une seule sortie hebdomadaire est tolérée dans la cour de la prison, seul et sans possibilité de rencontrer aucun autre prisonnier.

La vie à Alcatraz : la Californie, pas toujours un « Golden State »…

Si la Californie est surnommée l’État doré (Golden State), la vie dans la prison d’Alcatraz « nouvelle version » n’a rien de très reluisant.

Un règlement très strict est appliqué à tous les criminels enfermés dans la prison d’Alcatraz. Il contient 52 règles, dont en particulier la règle n°5 qui pose d’emblée le décor. Intitulée « Privilèges », elle réduit à quatre seulement le nombre de droits des prisonniers : de la nourriture, des vêtements, un abri et une surveillance médicale. Tout le reste est considéré comme un privilège (« You are entitled to food, clothing, shelter and medical attention. Anything else that you get is a privilege »).

Le règlement est imprimé sur des livrets distribués aux prisonniers, qu’ils doivent conserver soigneusement dans leur cellule. Évidemment, ils sont également censés apprendre, et respecter, chacune des 52 règles de la prison d’Alcatraz.

La vie à Alcatraz suit un rythme normé et très régulier. Le réveil sonne tous les matins à 6h30, d’un coup de sifflet tonitruant. La journée est marquée par le travail et les repas. Quelques périodes de récréation sont laissées aux prisonniers, soigneusement surveillés. L’extinction des feux a lieu à 21h30 chaque soir.

Une autre routine vient animer la journée : celle des décomptes de la population carcérale. Treize décomptes au total par période de 24 heures, dont trois en pleine nuit. Ils n’auront pas empêché quelques évasions rocambolesques…

Des évasions spectaculaires de la prison d’Alcatraz

La plus célèbre des évasions de la prison d’Alcatraz est sans doute l’évasion de 1962. Frank Morris et les frères Anglin creusent pendant près de six mois un trou à travers la grille de ventilation de leur cellule, grâce à des outils rudimentaires récupérés ça et là dans la prison d’Alcatraz. Le jour de l’évasion, pour tromper les rondes, ils placent dans leur lit des fausses têtes pour faire croire à leur présence. Les fausses têtes sont réalisées en papier mâché, grâce à du papier toilette. Enfin, les cheveux sont quant à eux récupérés au salon de coiffure de la prison, où l’un des futurs évadés travaillait.

Les trois prisonniers réussissent à s’évader, officiellement à 23h. Ils parviennent à quitter l’île sur un radeau de fortune. L’alerte ne sera donnée que le lendemain matin : en dépit d’intenses recherches, les corps ne seront jamais retrouvés. Les trois hommes sont ainsi présumés morts.

Cette évasion spectaculaire sera portée à l’écran en 1979 par Don Siegel, dans L’Évadé d’Alcatraz, avec Clint Eastwood en tête d’affiche !

Officiellement, 36 prisonniers ont tenté de s’échapper de la prison d’Alcatraz durant son existence. Aucun n’aurait réussi à s’en sortir vivant.

Depuis 1973, la nouvelle vie (touristique) de l’île d’Alcatraz

L’évasion spectaculaire de la prison d’Alcatraz en 1962, en partie permise par la vétusté du bâtiment, a porté un coup dur à la réputation de la prison. En plus de cela, les mentalités évoluent en ce début des années 1960 et une telle prison est jugée d’un autre temps. La prison d’Alcatraz ferme définitivement ses portes le 21 mars 1963, après vingt-neuf années de service comme prison fédérale.

Plusieurs projets de reconversion du site sont envisagés. L’île d’Alcatraz refait parler d’elle en 1969 après une invasion (cette fois, on ne parle plus d’évasion !) par des Amérindiens qui revendiquent la propriété de l’île.

Finalement, le site devient classé au registre des monuments historiques. L’île ouvre ses portes aux touristes en 1973 et devient rapidement un incontournable des voyages à San Francisco. Il faut aussi dire que, comme souvent aux États-Unis, la muséographie est très bien faite et permet d’en apprendre beaucoup sur l’histoire des lieux.

Aujourd’hui, l’île d’Alcatraz est aussi un site naturel particulièrement riche. L’île accueille en effet de très nombreuses colonies d’oiseaux qui profitent de ses rochers protégés pour s’y reproduire chaque année. Le nom Alcatraz vient d’ailleurs de l’espagnol pour désigner le fou de Bassan. Au printemps, ne soyez donc pas surpris si certaines zones de l’île sont interdites d’accès pour ne pas gêner les animaux.

Du point de vue la flore, l’île n’est pas en reste. Depuis plusieurs années, des collectifs cherchent à réhabiliter les anciens jardins cultivés par les familles des gardiens de la prison d’Alcatraz. L’occasion de réintroduire sur l’île de nombreuses espèces de plantes.

Alcatraz est prête à redevenir, dans l’imaginaire collectif, d’abord le nom d’une belle île de la baie de San Francisco, avant d’être celui d’une prison.

Informations pratiques

  • L’accès à la l’île d’Alcatraz se fait en bateau uniquement, depuis le Pier 33 à San Francisco. Il est fortement conseillé de réserver ses billets au moins une semaine à l’avance, sur le site officiel (Alcatraz citycruises). Une fois sur l’île, l’accès à la prison d’Alcatraz est gratuit.
  • Les ferrys partent toutes les 30 minutes. La traversée dure environ 15 minutes. Compter au moins trois heures sur place pour la visite de l’île d’Alcatraz.
  • Un audioguide, très bien fait, est disponible pour visiter la prison d’Alcatraz, en français. Vous pourrez notamment écouter des témoignages de personnes ayant vécu ou travaillé sur l’île d’Alcatraz.
  • Le temps sur la baie de San Francisco est imprévisible : prévoyez des vêtements chauds au cas où. Et ne soyez pas surpris si vous vous retrouvez dans la célèbre brume de la baie !

Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en mai 2018.

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