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Le rocher d’Uluru, joyau sacré de l’Australie

En plein "Centre Rouge", l'histoire et les légendes locales permettent de comprendre pourquoi Uluru est un site important pour les Aborigènes d'Australie.

Lever de soleil sur Uluru
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Lecture : 7 min

On ne peut presque pas faire plus central en Australie. En plein cœur de l’outback australien, le rocher d’Uluru est devenu l’un des emblèmes de l’Australie. Il faut dire que ce rocher de presque 350 mètres de hauteur, perdu au milieu de nulle part, a de quoi impressionner.

Découvert par les Occidentaux en 1873, le site est devenu un lieu important du tourisme en Australie. Une activité qui cohabite mal avec le caractère sacré du rocher pour les populations aborigènes.

Ayers Rock ou Uluru : deux noms pour un seul site

Le rocher d’Uluru est découvert par William Gosse, un explorateur anglais, en juillet 1873 alors que celui-ci mène des expéditions à travers l’outback australien.

Sa mission est alors de cartographier un territoire encore mal connu des Anglais, qui prenaient le contrôle de l’île-continent. En particulier, il est question de repérer quelques sites, dont le rocher d’Uluru, aperçus quelques années plus tôt par un autre explorateur, Ernest Giles, sans qu’il n’ait pu s’en approcher.

William Gosse nomme alors sa découverte Ayers Rock, du nom de Henry Ayers, le Premier ministre de l’Australie-méridionale qui allait pourtant quitter ses fonctions quelques jours plus tard.

Mais le site est en réalité déjà connu depuis des millénaires par les Aborigènes d’Australie. Ils lui avaient donné un autre nom, Uluru. Peut-être s’agissait-il du nom de famille d’un chef de tribu. Quoi qu’il en soit, le mot est entré dans le langage courant aborigène, où il peut vouloir dire aujourd’hui « liberté », « périple » ou encore « protection ».

Les deux noms coexistent pendant longtemps. Les Aborigènes d’Australie continuent d’appeler ce rocher Uluru, tandis que l’usage touristique préfère plutôt le nom d’Ayers Rock. Le gouvernement australien décide en 1993 d’adopter officiellement une double-dénomination. D’abord sous le nom d’Ayers Rock-Uluru, puis à partir de 2002 dans le sens inverse, sous le nom d’Uluru-Ayers Rock.

Un lieu sacré pour les Aborigènes d’Australie

En termes géologiques, le rocher d’Uluru est un inselberg. Il s’agit en fait d’une couche géologique initialement présente dans le sous-sol de la terre, qui se retrouve dégagée en surface sous l’effet de l’érosion des roches alentours, moins résistantes au temps.

Les Aborigènes d’Australie ont néanmoins une autre façon d’expliquer la création du rocher d’Uluru. Pour eux, le rocher ne serait qu’une trace laissée par le « temps du rêve » (ou Tjukurrpa), une période qui aurait précédé la création de la Terre où tout n’était que spiritualité.

Une des croyances aborigènes est que la vie sur Terre aurait été créée par le serpent arc-en-ciel (Liru). Dans un immense territoire marqué par une forte aridité, le serpent était ainsi un signe indiquant la présence proche d’un point d’eau, tout comme la formation d’un arc-en-ciel témoignait d’une pluie récente dans les environs.

Ce serpent, aux pouvoirs ambivalents dans la culture aborigène – il peut donner comme il peut reprendre la vie – se serait réfugié, une fois son devoir démiurge accompli, à l’abri sous d’immenses rochers. Celui d’Uluru constituerait une cachette idéale.

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L’essor du tourisme dans la région dès 1940

À partir des années 1940, le tourisme se développe autour du rocher d’Uluru-Ayers Rock. Le site est alors en partie une réserve aborigène.

Les installations (routes, motels…) se développent rapidement. Au bout de quelques décennies, on prend conscience des dégâts de l’activité sur l’environnement. Au début des années 1970, on décide ainsi de déplacer l’ensemble des installations à l’écart du rocher d’Uluru, en préservant une zone naturelle dans sa périphérie. C’est la naissance de la ville de Yulara, à une quinzaine de kilomètres du rocher d’Uluru-Ayers Rock, et qui constitue aujourd’hui la seule possibilité de se loger à proximité du rocher.

Le site d’Uluru a même été rétrocédé à la population aborigène, et est devenu l’un des six parcs nationaux du pays. Un parc national co-géré par le gouvernement fédéral et les Aborigènes depuis 1985.

Une ascension du rocher contestée… puis interdite

L’une des attractions-phares du rocher d’Uluru a longtemps été son ascension. Il s’agit d’un parcours de 1,6 kilomètre relativement exigeant, puisque la pente avoisine parfois les 60 degrés d’inclinaison.

Du fait du caractère sacré du site, l’ascension du rocher d’Uluru est contestée par les populations aborigènes d’Australie. Pas question de risquer de troubler le long repos du serpent arc-en-ciel ! De plus, la pratique est à l’origine de nombreux accidents, parfois mortels.

Départ de l'ascension du rocher
Le départ de l’ancien parcours pour escalader le rocher d’Uluru, dont l’accès est désormais interdit

Pendant longtemps, l’ascension du rocher était ainsi possible mais des panneaux situés à son pied déconseillaient formellement la pratique. On estimait qu’entre 10 et 20% des visiteurs du parc tentaient malgré tout l’ascension du rocher.

Alors, aujourd’hui, peut-on encore grimper sur le rocher d’Uluru ? Non ! Depuis le 25 octobre 2019, l’ascension est désormais totalement interdite après le vote d’une résolution du conseil du parc national d’Uluru-Kata Tjuta.

Cette interdiction avait d’ailleurs été promise par le gouvernement australien à la création du parc. Un engagement qu’il aura mis près de 35 ans à tenir, et alors que le nombre de touristes qui s’adonnait à la pratique était en baisse continue depuis quelques années.

Que voir autour du rocher d’Uluru ?

Si l’ascension du rocher d’Uluru/Ayers Rock est désormais interdite, le site n’en reste pas moins extraordinaire. En particulier pour les couleurs que prend chaque jour le rocher au lever et au coucher du soleil.

Des belvédères ont été aménagés dans le parc pour profiter au maximum du spectacle ainsi offert. Le mieux pour profiter des couleurs est de garder le soleil dans le dos. Le rocher d’Uluru peut alors prendre des teintes rougeoyantes qui s’accordent parfaitement avec les terres ocres de l’outback australien.

On ne s’interdira pas d’observer aussi le site à contre courant (lever du soleil depuis la Sunset viewing area, et inversement), car les points de vue sur le rocher avec le soleil en arrière-plan sont aussi magnifiques.

En journée, on pourra profiter du chemin de randonnée aménagé pour faire le tour du rocher. La promenade fait environ 10 kilomètres et longe le pied du rocher d’Uluru. De quoi profiter de jolis panoramas sur ce site exceptionnel du centre de l’Australie, tout en respectant les croyances aborigènes.

Un centre culturel, au sud du rocher, permet d’ailleurs d’en apprendre un peu plus sur la culture aborigène. Force est de reconnaître que le tout est toutefois plutôt décevant, le sort des Aborigènes d’Australie semblant bien moins réjouissant que celui des maoris voisins…

Informations pratiques

  • Le plus commode pour visiter le parc national d’Uluru-Kata Tjuta est d’arriver à l’aéroport d’Ayers Rock. Il est situé à dix kilomètres de l’entrée du parc. L’autre aéroport possible est celui d’Alice Springs, à plus de 400 kilomètres de route.
  • L’entrée au parc est payante. Plus d’informations sur le site officiel.
  • Attention aux fortes chaleurs en journée, et aux températures très basses la nuit durant l’hiver austral (des gelées sont possibles). Les précipitations sont très limitées : il peut arriver qu’il ne pleuve pas pendant plusieurs mois.
  • Pensez à respecter lors de votre visite les croyances aborigènes. En particulier, plusieurs sites sacrés sont interdits à la photographie.
Le conseil de Christophe : La ville de Yulara constitue désormais la seule possibilité de se loger à proximité du site d’Uluru. Pensez à réserver très à l’avance : les logements y sont pris d’assaut !

Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en août 2019.

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