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À Coventry, les cathédrales renaissent de leurs cendres

En plein cœur de l'Angleterre, la ville de Coventry n'usurpe pas son surnom de ville phénix ! Découverte de son patrimoine principal : ses trois cathédrales…

Vue sur l'ancienne et la nouvelle cathédrale Saint-Michel de Coventry

Curiosité géographique notable : la ville de Coventry est presque située en plein cœur de l’Angleterre, au sens littéral du terme ! En effet, Coventry n’est qu’à 18 kilomètres du centre géographique de l’Angleterre. Mais Coventry est aussi une ville riche en histoire. Importante plateforme commerciale au Moyen-Âge, la ville est ensuite devenue un centre industriel prospère, notamment grâce à son industrie automobile.

L’histoire de Coventry n’est pourtant pas un long fleuve tranquille. En particulier, la ville fût quasiment rasée lors des bombardements allemands de 1940. Des représailles aux bombardements alliés de Munich qui eurent lieu quelques jours plus tôt. Plus grand témoin de cette histoire : la cathédrale de Coventry.

Coventry, la ville phénix

La ville de Coventry, au Royaume-Uni, est depuis longtemps un important poumon économique de la Grande-Bretagne. Dès le Moyen-Âge, la ville était un important carrefour commercial, réputé notamment pour son commerce textile. De nombreux échanges de laines, en particulier, avaient cours au sein de Coventry, qui était alors la quatrième ville du Royaume-Uni !

Malheureusement, ce succès économique a fait de Coventry une cible de choix lors de la Seconde guerre mondiale. Dans la nuit du 14 au 15 novembre 1940, la ville de Coventry fût ainsi le théâtre de l’un des plus importants bombardements allemands de la Seconde guerre mondiale. C’est l’opération Mondscheinsonate (« sonate au clair de lune », en référence à une partition célèbre de Beethoven).

Près de 450 bombardiers larguèrent autant de tonnes de bombes explosives et incendiaires sur la ville, détruisant une grande partie de Coventry. De nombreux logements furent détruits, et des centaines de civils furent tués ou blessés.

Mais la ville de Coventry s’est reconstruite sur les cendres de la guerre. Une fierté pour ses habitants, qui vaut aujourd’hui à la ville de Coventry un surnom bien trouvé : la Phoenix city (« ville phénix »).

Et une, et deux… et de trois cathédrales à Coventry !

Parmi les édifices victimes du bombardement du 14 novembre 1940, figure la cathédrale Saint-Michel de Coventry. Enfin… l’une des cathédrales Saint-Michel de Coventry ! Car pas moins de trois cathédrales auront successivement partagé l’emplacement actuel de la cathédrale Saint-Michel de Coventry…

À l’origine, dès la fin du 11e siècle, un premier édifice religieux voit le jour : le prieuré Sainte-Marie. Il s’agit au départ d’un modeste monastère bénédictin, mais qui se verra doter d’agrandissements successifs jusqu’à en faire une importante cathédrale dans la région de Coventry. Aujourd’hui, seules quelques ruines, à peine visible, subsistent de ce premier édifice religieux.

À partir du 14e siècle, un nouvel édifice voit sa construction débuter. Cette fois, il s’agit d’une imposante église paroissiale. Jusqu’en 1918, date à laquelle elle deviendra cathédrale, elle était la plus grande église paroissiale d’Angleterre ! Malheureusement, la cathédrale Saint-Michel de Coventry, la première du nom, sera l’une des cibles du bombardement de Coventry en 1940. Un premier incendie se déclenche en début de soirée, et celui-ci ne pourra être maîtrisé en raison de la poursuite des bombardements pendant toute la nuit.

Si la cathédrale Saint-Michel de Coventry est très durement touchée, elle n’en est pas pour autant complètement détruite. Aujourd’hui, les murs d’enceinte sont encore debout et permettent de se faire une idée des dimensions de l’édifice originel. Mais c’est bien la seule chose qui reste de la cathédrale, et la cathédrale est devenue un lieu de mémoire davantage qu’un lieu de culte.

Une troisième cathédrale, la cathédrale Saint-Michel de Coventry elle aussi, a enfin été construite juste à côté de l’ancienne cathédrale détruite, pour redonner à la ville de Coventry le lieu de culte dont elle avait besoin.

L'intérieur de l'ancienne cathédrale bombardée
Les ruines de l’ancienne cathédrale bombardée sont désormais un lieu de mémoire

L’édifice actuel, un nouveau départ plus qu’une reconstruction

Plus que jamais, la ville de Coventry mérite donc son surnom de ville phénix ! Fallait-il reconstruire la cathédrale Saint-Michel de Coventry ? Un choix à mi-chemin des deux réponses a été fait : reconstruire une nouvelle cathédrale, juste à côté de l’ancienne, tout en conservant la mémoire de l’ancien édifice bombardé. Un choix porté et assumé par l’architecte du projet, Basile Spence.

Mais la nouvelle cathédrale n’est pas juste une nouvelle cathédrale. Juxtaposée à l’ancienne cathédrale Saint-Michel de Coventry, elle en devient un prolongement, une excroissance qui aurait germé de l’ancienne cathédrale en ruines. Les deux édifices ne semblent aujourd’hui former qu’un seul ensemble architectural, tout en assumant relever d’époques totalement différentes.

Ce lien est marqué par la grande fenêtre occidentale, une immense « baie vitrée » à l’entrée de la cathédrale. Celle-ci inonde de lumière la nef de la nouvelle cathédrale, mais offre surtout une vue directe sur les ruines de l’ancienne cathédrale. Avec un artifice architectural : alors que l’autel est traditionnellement orienté vers l’est, celui de la cathédrale de Coventry est orienté vers le nord… et la grade fenêtre occidentale, donc, vers le sud et non vers l’ouest !

Au fond de la nef, une immense tapisserie, la plus grande au monde tissée d’un seul tenant, représente le Christ en majesté. On la doit à Graham Sutherland, considéré comme l’un des principaux maîtres de la peinture anglaise moderne.

C’est la reine Elizabeth II en personne qui a posé la première pierre de ce nouvel édifice religieux, en mars 1956. L’inauguration aura lieu six ans plus tard, en 1962. Le même jour que celle de l’église du Souvenir de Berlin, dans un élan de réconciliation dans l’Europe d’après-guerre.

Se tourner vers l’avenir, sans jamais oublier le passé, tel est le message que continuent de nous faire passer les cathédrales Saint-Michel de Coventry.

Informations pratiques

  • Le plus simple pour rejoindre la ville de Coventry est de le faire depuis l’aéroport de Birmingham. Des lignes de train directes relient les deux points en une vingtaine de minutes environ.
  • En règle générale, la cathédrale (la nouvelle et les ruines de l’ancienne – l’entrée est gratuite) est ouverte tous les jours de 10h à 16h, sauf le dimanche de midi à 15h30. Plus d’informations sur le site officiel de la cathédrale de Coventry.

Cet article a été rédigé sur la base d’un voyage effectué en janvier 2023.

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